L’affaire Lysistrata (1892)

C’est une pièce en quatre actes de Maurice DONNAY à l’écriture de laquelle Maurice LEBLANC a participé mais n’a pas été reconnu comme signataire…

Maurice DONNAY

Avec Alphonse ALLAIS, Maurice DONNAY composa d’abord des chansons parodiques pour le cabaret du Chat-Noir du style : « Dieu que le son du boa est triste au fond du cor »…

(Oui, je sais : c’est quelque chose, c’est dur à entendre… mais c’est le genre de truc qui vous rend célèbre aujourd’hui encore ! Si, si… croyez-moi, on y a droit, tous les jours, à la « télé » !!).

A la suite de quoi, il se tourna vers le théâtre et en 1892, sa première pièce : Lysistrata, s’inspirant de la comédie éponyme d’ARISTOPHANE mais en version « boulevard de Paname », fut créée par REJANE dans le rôle titre.

La pièce fut présentée au Grand Théâtre le 22/12/1892 et publiée en février 1893 chez l’éditeur Paul OLLENDORFF :

Frontispice (*) d’une œuvre… à oublier !

Pas plus que le « Maître » MAUPASSANT, Maurice DONNAY ne facilita les débuts de Maurice LEBLANC. Au contraire, écrit Jacques DEROUARD (**), les deux écrivains se fâcheront… le premier jugeant la collaboration du second à Lysistrata insignifiante !

Hélas, une nouvelle fois hélas pour notre auteur préféré et cette fois, en plus… on ne parla même pas de lui.

(Dur d’être jeune… et toujours pas connu !)

Maurice DONNAY sera élu en 1907 au fauteuil n° 25 de l’Académie française.

A propos de Lysistrata :

Extrait de La Revue Blanche (Janvier 1893)…

La pièce fut donnée en province, extrait d’un compte rendu de Jacques MAUPRAT pour Le Progrès Illustré (Lyon – Septembre 1893) :

Notre scène de comédie a eu cette année une ouverture point banale avec Lysistrata, la pièce néo-grecque de Maurice Donnay. Cette fantaisie renouvelée d’Aristophane est assez décolletée, au fond. Mais elle n’a rien de choquant dans la forme qui est, au contraire, très littérairement ouvragée, alerte et spirituelle. Et c’est cette sauce qui fait passer le poisson.

Au surplus, on ne voit pas bien comment l’auteur aurait pu s’y prendre pour faire de Lysistrata une berquinade. La donnée du poète grec : la grève des femmes d’Athènes refusant le service conjugal pour amener leurs maris à quitter le service militaire n’est pas précisément un sujet à développer devant des rosières. M. Maurice Donnay en avertit d’ailleurs le public dans un prologue en vers fort joliment troussés ou retroussés, comme on voudra :

Et le poète Aristophane
N’était pas traité de profane
Quand sur la scène il transportait
Quelques actes d’après nature.
Le cordonnier comme, l’Archonte
Ne trouvait pas étrange, non,
Qu’on donnât aux choses leur nom.
Franchise qui peut vous paraître
Extrême, à vous qui nommez chat
Ce qui n’est pas du tout un chat.
L’auteur ne vous prend pas eu traître,
Il vient alarmer vos pudeurs
Je vois que personne ne sort,
Je vais dire que l’on commence.

Et de fait personne n’est sorti. Tout le monde, au contraire, s’est franchement diverti, sans fausse affectation pudibonde, des Athéniens ultra-modernes de M. Donnay et de leurs propos boulevardiers.

Vive les petits « LU » :

Vous avez déjà tout « LU » !?
Mais vous n’avez pas encore tout vu…

Pour vous récompenser,
Joignez, l’« Utile »… à l’agréable,

Et permettez-moi, avec ce « Lefèvre »…
De vous « Donnay » une belle image !

(Ce n’est pas terrible, je vous l’accorde…
mais, c’est vraiment de bon cœur !)

ment votre…

A. Lupinès

(*) Mille remerciements à l’« archiviste » Hervé Lechat pour avoir retrouvé cette page inoubliable.

(**) Pour les éléments biographiques, l’incontournable Maurice LEBLANC Arsène LUPIN malgré lui de Jacques DEROUARD aux éditions Séguier (1ère édition 1989, 2ème édition revue et corrigée 2001).

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